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[FR] Rivaille x Reader - Le pianiste

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KilariTsukishima10's avatar
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Vous vous préparez pour aller à votre cours de danse. Vous prenez vos affaires et courez jusqu'à la maison de Rivaille.
Cela faisait trois jours qu'il s'enfermait dans son studio et jouait sans cesse le même morceau de l'Art de la Fugue de Bach.
Vous sonnez chez lui, aucune réponse comme d'habitude, vous décidez d'entrer, la porte étant toujours ouverte.
À vos pieds, vous voyez des partitions, éparpillées sur le sol, traçant un chemin vers sa chambre, éclairée avec sa lampe de chevet.
Vous ramassez ses feuilles et vous dirigez vers lui.
Il somnole sur son piano, les yeux mi-clos, tenant un recueil de partitions.
Les Études de Chopin.
Vous lui prenez et commencez à feuilleter les pages.
Des milliers d'annotations envahissent les lignes, concernant le rythme...Rivaille a toujours eu du mal à être en rythme, et c'est pour cela qu'il avait toujours un métronome pendant ses entraînements.
Ces derniers temps, il l'avait délaissé, se permettant plus de libertés lorsqu'il jouait.
Vous posez le recueil sur sa table de chevet, et vous posez quelques snacks et de l'eau avant de repartir.
Lorsqu'il s'entraînait intensivement, il oubliait de se nourrir et de s'hydrater, ce qui le rendait la plupart du temps de mauvaise humeur.
Vous sortez de chez Rivaille et courez jusqu'à votre école de danse.
Entretemps, vous recevez un appel du pianiste.
Vous décrochez rapidement.

"Merci, murmure-t-il à l'autre bout du fil.
- Oh mais je t'en prie... Tu sais, tu devrais sortir un peu...tu n'arriveras jamais à jouer correctement si tu t'enfermes, Rivaille.
- ( Prénom ), si seulement tu savais. Je dois travailler ce morceau...jusqu'à ce que je puisse le jouer parfaitement."

Vous ne lui répondez pas.
Ce besoin d'atteindre la perfection, vous le connaissez, vous ne pouvez donc pas le contredire.

"Je comprends, mais prends soin de toi, s'il te plaît."dites-vous, calmement.

Vous raccrochez, et traversez rapidement la rue menant à l'école de danse.
Une fois arrivée, vous vous changez, chaussez vos pointes, faites un chignon haut avant d'aller vous échauffer avec vos amis qui vous attendent.
Quelques minutes plus tard, votre professeur entre dans la salle, pose sa partition sur le piano, et annonce le début du cours.
Vous vous placez à la barre contre le mur, face au miroir.

Deux heures plus tard, le cours se termine, vous êtes exténuée, mais fière d'avoir dansé comme vous le souhaitiez, c'est-à-dire en rythme, en harmonie avec vos amies, et d'avoir parfaitement exécuté vos enchaînements. Votre professeur sort de la salle, laissant ses élèves entre eux. La majorité d'entre eux partent se changer dans les vestiaires.
Finalement, vous êtes la seule à rester, à vous entraîner, même si vous êtes satisfaite de votre travail, vous connaissez vos lacunes et souhaitez les faire disparaître.
Vous enchaînez plusieurs fouettés, face au miroir, jusqu'à ce que cela soit parfait. Vous comblez vos difficultés à chaque fin de cours, pour qu'au cours prochain, cela soit impeccable.
Après dix minutes d'entraînement supplémentaire, quelqu'un entre dans la salle et vous regarde attentivement.
Il s'agit de Rivaille.
Vous vous arrêtez.

"C'est rare que tu viennes ici. Que fais-tu ?"

Il vous tend une bouteille d'eau avant de vous répondre :

"Je suis venu te chercher."

Il jette un coup d'œil au piano situé au coin de la pièce et s'installe devant.
Rivaille esquisse quelques notes et se lance.
Vous reconnaissez le morceau qu'il joue : il s'agit de la Partita no. 2 en C Mineur de Bach, qu'il a eu du mal à maîtriser, il y a deux ans.
Vous posez la bouteille d'eau au sol et vous vous placez au milieu de la salle.
Un rythme lent, profond, solennel. Vous exécutez des mouvements précis, avec beaucoup d'accent.
Vos bras donnent formes à la danse et vos jambes se contentent de les suivre, majestueusement.
Il joue, absorbé par son interprétation, concentré.
Rivaille a la partition sous ses yeux, vous le sentez. Après tout, il a tellement étudié ce morceau.
Solennellement, il finit l'introduction et  ses doigts s'accélèrent sur le clavier.
Le tempo est plus rapide, vos pas deviennent plus vifs, plus nets enchaînés de plusieurs petits sauts, suivis de pirouettes, doubles, ou triples lorsque l'envie vous prenait. Vous traversez toute la diagonale avec des pas de valse, ou des déboulés.
Vous dansez, votre âme dansait, le sourire aux lèvres, remplissant la pièce d'une douce ambiance, solennelle et gracieuse.
Rivaille vous suivait du regard, se calant sur votre rythme. Ses mains dansaient sur son clavier, joyeusement, habilement.
Il joue avec force et conviction : son morceau est clair, les fugues sont magnifiquement jouées, ce qui le satisfait.
Vos regards se croisent, se suivent, vous lisez sa partition à travers ses yeux.
Le morceau se termine, trop rapidement.
Vous finissez élégamment sur une arabesque, essoufflée.

Vous remarquez vos amis, postés devant la porte d'entrée, vous regardant avec un regard fasciné, dont votre professeur de danse, qui applaudit, après un bref silence dans la salle.

"C'était magnifique !"

Elle s'avança vers vous, avec un grand sourire, puis vous ébouriffa les cheveux avant de se diriger vers Rivaille.
Son ancien élève.
Il avait fait trois années de danse lorsqu'il avait dix ans - vous l'aviez presque forcé mais il avait accepté - et a arrêté pour se consacrer entièrement au piano, attristant votre professeur, qui était heureuse d'avoir un garçon - qui apprend très vite - sous son aile.

"Quels progrès, Rivaille, je suis impressionnée ! La dernière fois que je t'avais écouté jouer, tu ne savais à peine jouer du Bach tellement tu trouvais ses morceaux compliqués."

Elle vous regarde, vous et Rivaille avant d'ajouter :

"Vous faites une très belle paire tous les deux. Lui au piano, toi à la danse. Continuez ainsi."

Votre professeur de danse quitte la pièce et vos amis vous saluent avant de sortir de l'école.
Vous ramassez votre bouteille d'eau, la finissez et vous dirigez vers les vestiaires.

"Je serai prête dans cinq minutes.
- Je t'attends dehors."

Vous vous changez rapidement et sortez de l'école de danse, où Rivaille vous attend.
Vous remarquez ses cernes, son regard fatigué, mais avec un demi-sourire.
Épuisé mais relaxé.

"Pourquoi est-tu venu ? demandez-vous avec un sourire en coin.
- Tu m'as dit de sortir prendre l'air...
- Ah oui, c'est vrai. Tu te sens mieux ?
- Plus ou moins."

C'est tout lui. Toujours à répondre au milieu.
Vous rentrez ensemble, puis vous restez un peu chez lui ; vos studios sont proches et vous n'avez pas de colocataire. Vos parents avaient insisté pour que vous habitiez ensemble mais vous aviez refusé : vous préférez garder chacun votre vie privée mais aussi, vous saviez que vous ne seriez qu'une gêne pour lui lorsqu'il s'entrainerait au piano et lui de même pour vous à la danse.
Mais parfois, vous mangez ensemble - nouilles instantanées, comme toujours - et discutez de tout et de rien avant de retourner chez vous, à quelques portes de la sienne, aux alentours de minuit.
Pendant qu'il fait bouillir l'eau, vous en profitez pour ranger la pièce et en profitez pour esquisser quelques notes au piano - vous aviez appris le piano étant petite, votre mère vous y avait presque forcée, mais vous aviez abandonné, à son grand désespoir, lassée d'apprendre sans cesse les notes, le  rythme, que vous jugiez trop compliqué pour vous.
Vous ne pouviez jouer les partitions de grands musiciens comme Bach ou Chopin, vous vous limitez à Twinkle, Twinkle Little Star, ou encore à We Wish You a Merry Christmas.

"Twinkle, twinkle, little star ~ How I wonder what you are, commencez-vous à jouer sur le piano, de votre main droite.
- Up above the world so high ~ Like a diamond in the sky , continua Rivaille, en jouant de la main gauche.

Vous continuez à jouer quelques morceaux, dont vous vous rappeliez vaguement, jusqu'à ce que la bouilloire sonne, qui vous rappelle qu'il y avait des nouilles instantanées à manger. Vous vous installez sur le canapé, et il vous sert les nouilles.
Plus que trois minutes à attendre pour qu'elles soient prêtes.
Rivaille vous demande, subitement :


"Tu ne voudrais pas reprendre le piano ?"

Etonnée par sa question, vous répondez :

"Pourquoi ?
- Ca avait l'air de te plaire, de jouer...dit-il, doucement.
- Sûrement, je ne sais pas. Le piano, c'est trop compliqué."

En réalité, vous ne saviez pas. Le piano vous intéressait peu depuis que vous étiez toute petite. Votre père jouait du violon, vous avez toujours été attirée par cet instrument, mais lorsque vous aviez demandé à votre mère d'en faire, elle avait catégoriquement refusé ; il lui rappelait trop son mari, qui s'était enfui de la maison, pour rejoindre sa maîtresse, lorsque vous aviez une dizaine d'années.
Dès que vous aviez parlé d'apprendre le violon, elle ne vous adressait plus la parole et vous aviez décidé d'arrêter le piano, en guise de riposte - votre mère était pianiste autrefois, et elle avait rencontré votre père lors d'un concert.
La danse vous avait sauvée, mais vous avait éloignée de votre mère, avec qui vous aviez de bonnes relations, et elle ne venait à aucune de vos représentations. Pour elle, vous voir jouer du piano, c'était un rêve, projeter son image sur vous, sa fille unique.
Plus tard, vous aviez songé à reprendre la musique, les cours de solfège, que vous détestiez tant, mais qui vous permettrait de jouer du violon, comme votre père, tous les soirs, lorsqu'il rentrait de son travail.
Vous aviez finalement abandonné l'idée, préférant vous consacrer à la danse, qui vous passionnait, et qui vous avait permis de vous faire beaucoup d'amis, d'être plus extravertie, vous qui étiez autrefois seule, trop timide pour adresser la parole à qui que ce soit.


"C'est plutôt au violon que je m'intéresse, déclarez-vous.
- Tu ne me l'avais jamais dit, murmura-t-il, presque déçu. Mais... ton père en jouait, je me souviens. D'ailleurs, pourquoi tu n'as pas choisi le violon comme instrument, à la place du piano ?
- C'est ma mère... Tu sais bien."

Rivaille haussa les sourcils. Il prit son bol de nouilles instantanées avant de vous dire :


"Reprends la musique et apprends le violon."

Étonnée par sa demande, vous riez.
La danse comble votre emploi du temps et vous n'avez pas les moyens de payer des cours de musique.

"Je n'ai pas les moyens. Peut être plus tard.
- S'il te plaît..."

Il vous suppliait du regard. C'était la première fois qu'il agissait ainsi devant vous. Vous soupirez.

"Vraiment. Plus tard, c'est promis.
- Si tu le dis."

Après avoir fini de manger, vous décidez rester chez lui encore quelques heures, où vous assistez à ses entraînements - ou plutôt à un concert privé - tout en rangeant les partitions qui traînaient dans sa chambre.
Les Etudes de Chopin, les Partitas et les Inventions de Bach, puis les Sonates de Mozart.
Que de grands compositeurs.
Il finit son morceau - le Contrepoint IV de l'Art de la Fugue de Bach, qu'il jouait avant que vous ne partiez à l'école de danse - puis prend une partition posée sur sa table de chevet et la parcourt du regard, avant de la laisser sur sa table de chevet.
Rivaille prend une grande inspiration avant d'entamer un morceau que vous reconnaissez immédiatement : La Campanella de Liszt.
Son père jouait ce morceau, lorsque vous veniez chez lui - d'ailleurs, c'était lui qui lui avait transmis sa passion pour le piano - et cela vous rappelle de nombreux souvenirs.
Malheureusement décédé, son voeu était que son fils puisse le jouer, avec lui, en duo.
Vous souriez.
Il a bien grandi depuis, pensez-vous.
Si son père était là, il en serait fier.
Vous vous asseyez sur la chaise de son bureau et assistez à son petit concert privé.
Lorsqu'il joue, il est transporté, il est coupé du monde et ne fait qu'un avec la musique.
Ses doigts dansent, voyagent sur le clavier et son regard concentré mais aussi rêveur vous fascine.
Vous ne pouvez détacher vos yeux de lui.
Il vous envoûte, vous ensorcelle, il est magnifique.
Vous observez ses lèvres bouger discrètement - il a cette manière de fredonner les morceaux, comme le faisait Glenn Gould - fascinée, vous vous surprenez à compter les temps.

"C'est pour un concours."

D'une voix monotone, il avait prononcé ce mot à la fin de son morceau. Tous les six mois, il avait pour habitude de participer à des concours - nationaux pour la plupart, où il s'était forgé une petite réputation - mais celui dont il s'était inscrit était international et son premier prix était une bourse d'études dans une grande école réputée dans le monde entier dont plusieurs grands musiciens en sont diplômés.
La dernière fois qu'il avait participé à un concours, c'était il y a un an et demi, il était tombé à la demie-finale, ce qu'il l'avait déprimé pendant plusieurs jours, ne jouant plus une seule note et le rendant de mauvaise humeur.
Il avait joué une Etude de Chopin, l'Etude Op 10, No. 4, qu'il avait travaillé sans cesse jusqu'à la veille du grand jour, où il était tellement fatigué que ses doigts ne lui obéissaient plus ; trop lents, trop bruts, cela lui a coûté une élimination au goût amer, lui qui s'était entraîné d'arrache-pied.

"Tu... commencez-vous, vous un demi-sourire, interloquée.
- Oui, je compte y participer."

Et il envisageait, comme tous les musiciens y participant, de gagner la bourse d'études.
Son projet était donc de devenir pianiste professionnel et donc de partir.
A côté de lui, vous n'aviez aucune idée de ce que vous vouliez faire plus tard. Jusqu'à maintenant, vous aviez toujours été avec lui, vos parents ayant préféré vous laisser ensemble, puisque vous étiez dans la même école et vous l'aviez accompagné, vous laissant guider par sa passion pour le piano, qui vous fascinait depuis que vous étiez rencontrés.
Vous baissez les yeux, perdue.

"Qu'a-t-il ? demanda Rivaille.
- Je... Non rien." murmurez-vous avant de prendre vos affaires.

Il vous raccompagne jusqu'à la porte d'entrée.

"Tu ne veux pas... que j'y participe, n'est-ce pas ? murmura-t-il.
- Fais comme tu veux." lui répondez-vous avant de sortir.

Il a décidé d'y participer, il participera à ce concours.
Ce n'était pas vous qui allait le freiner dans ses ambitions.


Quelques jours plus tard, vous recevez une lettre de votre professeur de danse. Il s'agit d'une invitation à un concours de danse, international.
Vous plissez les yeux, hésitante à participer ; vous aviez participé à un concours, lorsque vous aviez quinze ans, vous aviez remporté le troisième prix, mais vous n'aviez pas aimé l'ambiance de ces compétitions, où la rivalité faisait rage. Les participant(e)s se méprisaient entre elles, et lorsque venait leur tour, elles leur souhaitait "bonne chance" d'une petite voix forcée et dédaigneuse.

"Je vais y réfléchir, murmurez-vous, pensive.
- Très bien.  Ce concours te permet de remporter une bourse d'études dans une prestigieuse école donc réfléchis y bien."

Vous écarquillez les yeux.
Une bourse d'études. De plus, en lisant le règlement de ce concours, il s'étale sur deux semaines ; pendant une semaine, tous les candidats seront entraînés par de grands professeurs, d'anciens Etoiles pour la plupart, et passeront les premières épreuves éliminatoires, puis lors de la deuxième semaine, les finalistes danseront une variation de leur choix et l'annonce des vainqueurs aura lieu.
Vous brûliez d'envie d'y participer. De remporter la bourse et d'étudier la danse, de consacrer votre vie à cet art, même s'il y a quelques jours, vous vous questionniez sur votre avenir.
Vint ensuite Rivaille. Vous deviez vous séparer de lui. Vous qui étiez collés comme les doigts de la main depuis la plus tendre enfance, vous vous sentiez déchirée, comme si vous veniez de perdre une partie de votre corps.
Non. Il fallait bien que cela arrive un jour. Vous deviez vous séparer pour poursuive chacun vos rêves.
Déterminée, vous appelez votre professeur de danse.

"J'y participerais."

Celle-ci vous sourit avant de vous donner un formulaire de plusieurs pages, à remplir le plus tôt possible.
Le cours allait commencer.

La leçon terminée, vous apercevez, à votre grande surprise, Rivaille sur le pas de la porte.
Il vous attend, une bouteille d'eau à la main.
Vous vous préparez rapidement et le rejoignez.
Au passage, vous lui annoncez votre participation à un concours international.
Il vous félicite puis demande :

"Mmh, quand est-ce que tu passes les éliminatoires ?"

Vous sortez le formulaire de votre sac et vérifiez la date.

"Dans deux mois. Le 1er août."

Il plisse les yeux et marmonne :

"Je ne pourrais donc pas venir te voir..."

Étonnée, vous agrippez son bras, l'arrêtant :

"Ne me dis pas que c'est le jour de ton concours...
- Si.
- À quelle heure ? Où ?
- Seize heures, dans le grand théâtre, dit-il.
- Eh bien c'est parfait."dites-vous, en regardant votre formulaire, rassurée.

Vous lui montrez votre feuille. Il est indiqué que les éliminatoires commenceront à treize heures précises et qu'elles se termineront à seize heures.

"Avec un peu de chance, j'arriverais à temps pour te voir !
- Et les résultats ? Ne dois-tu pas les attendre ?
- Ils seront affichés à 18 heures dans le hall." dites-vous en montrant le passage de l'annonce des résultats.

Il soupire et ajoute :

"Tu connais ton numéro de candidat ?
- Pas encore.
- Dès que tu le sauras, tu me le diras.
- Toi aussi."

A chaque fois qu'il participait à un concours, vous l'accompagnez, l'observant depuis les coulisses. Rivaille avait fait de même pour votre premier concours et souvent, vous alliez à un café pour célébrer la fin.


Quelques jours plus tard, vous recevez un mail de l'organisateur di concours, vous indiquant votre numéro de candidat. Vous portez le numéro 48, sur les cent cinquante  candidats présents. Il vous est également indiqué l'heure à laquelle vous êtes convoquée : 14h50. Vous avez largement le temps de rejoindre Rivaille jusqu'au théâtre avant qu'il ne passe. Ravie, vous lui annoncez la nouvelle par message, auquel il se contente de répondre par un simple "ok", ce qui a le don de vous énerver.
Même avec une réponse aussi sèche par message, vous savez bien qu'il est heureux d'apprendre que vous pourrez assister à sa prestation.
Dommage qu'il ne puisse pas assister à la votre mais peut-être pourra-t-il venir assister aux finales, si vous y restez.


Dans une semaine, vous affronterez les éliminatoires de ce concours, connus pour être d'une extrême difficulté et stressant au plus haut point. Durant la semaine d'entraînement, vous avez constaté le niveau vertigineux de certains candidats, venus du monde entier. Ils étaient tous confiants de leurs capacités et à chaque cours, ils donnaient le maximum d'eux même. Admirative, vous suivez leur exemple, vous dépassant à chaque exercice. 
Pour les éliminatoires, vous avez choisi de danser la variation de la première ombre de La Bayadère. Elle est dynamique, vivante, comme vous l'appréciez. Vous étiez nombreuses à avoir choisi cette variation, donc vous avez beaucoup de concurrence, dont Alena et Silvia - russe et italienne - qui ont une technique incroyable. Avec elles, vous discutez, posez des questions à propos de la chorégraphie. Elles sont très ouvertes et vous vous entraidez lors des répétitions et l'ambiance est agréable. Après les cours, vous sortez en ville et prenez un café tout en esquissant des pas sur la place du théâtre. Elles viennent toutes de différents pays, et séjournent à l'hôtel et lorsque la soirée commence, vous rentrez seule chez vous, vous êtes presque attristée de vous séparer d'elles ne serait-ce qu'une nuit car leur compagnie est agréable et riche en connaissances ; elles vous font toutes découvrir leur culture, en plus de quelques conseils techniques en danse.
Cette semaine, vous ne l'oublierez jamais.


Les éliminatoires ont commencé à 13 heures et vous attendez votre passage en vous échauffant et répétant vos pas dans botte loge Devant le miroir, vous surveillez votre posture, votre expression, et les corrigez du mieux que vous pouvez. Votre tutu est d'un blanc magnifique et il vous sublime merveilleusement bien, vous qui n'êtes pas à l'aise avec cette couleur. Vous discutez avec Alena et Silvia qui passeront après vous, mais aussi avec celles qui passent avant vous, comme Jessica et Flavia, une américaine et une brésilienne. Vous évacuez votre stress avec elles, qui n'hésitaient pas à vous faire rire et à vous faire grignoter.
On vous annonce qu'après le prochain passage, vous serez la prochaine. Vous retirez vos guêtres et votre veste et répétez vos pas en coulisses. La candidate vous précédant danse sur Coppélia et sa prestation est magnifique. Dès qu'elle finit, vous l'applaudissez et prenez sa place sur scène. Vous apercevez aux premiers rangs, les jurys et cela vous stresse encore plus. Vous prenez une grande inspiration avant que la musique ne commence et souriez de toutes vos dents.


Ce n'était que quelques secondes - la variation ne durant pas plus d'une minute - mais c'était les plus intenses de toute votre vie. Toute la pression s'était libérée avec le tonnerre d'applaudissements que vous aviez reçu à la fin de votre variation. Vous entrez en coulisses, tremblante et euphorique, soulagée d'avoir pu satisfaire le public mais le stress ne vous quitte pas en pensant au jugement que portera le jury sur votre variation.
Immédiatement, vous filez dans les loges pour vous démaquiller et vous habiller pour vous rendre au théâtre où jouera Rivaille.

Vous arrivez sur les lieux et il est 15 heures 30. Vous cherchez sa loge et dès que vous y entrez, Rivaille se tient devant le miroir, pensif. Il n'y a aucune partition sur sa table. Les yeux fermés, vous savez qu'il écoute le morceau qu'il jouera en boucle dans sa tête. Il fredonnait doucement le morceau, mais vous ne parvenez pas à savoir lequel. Ce n'était pas La Campanella, comme vous le pensiez lorsqu'il vous avait annoncé sa participation à ce concours. Silencieuse, vous le regardez répéter et posez sur sa table une bouteille d'eau et un croissant que vous avez acheté en chemin. Vous vous asseyez sur une chaise, tout en réfléchissant sur quel morceau il pourrait jouer. Vous apercevez un recueil de partitions dépasser de son sac et discrètement, vous le prenez et feuilletez les pages. Il s'agit des Suites Françaises de Bach. Vous vous souvenez vaguement des morceaux mais vous parvenez à savoir lequel il jouera : la suite française numéro deux. Les annotations sur ces pages et plusieurs traces de marqueurs le prouvent.
On frappe à la porte. Vous vous empressez de l'ouvrir discrètement et Rivaille se lève. On vient le chercher.
Il s'arrête devant vous et vous demande :

"Ça s'est bien passé ?
- Oui, répondez-vous avec un sourire.
- Très bien. Promets-moi que tu iras en finale.
- Je verrais ce soir."

Vous le suivez jusque dans les coulisses et assistez à la fin du morceau du candidat le précédant. Vous reconnaissez le morceau, il s'agit du troisième mouvement de la Sonate au Clair de Lune de Beethoven. Il se termine et le candidat salue le public et Rivaille s'apprête à le remplacer. Il ferme les yeux, se concentrant. Il remet sa cravate en place et entre en scène. Avant de s'assoir, Rivaille se retourne et vous adresse un demi-sourire, vous demandant de lui souhaiter bon courage. Vous lui souriez en retour et il s'assoit devant le piano, où il prend une grande inspiration avant de commencer son morceau.


Il joue sa dernière note, marque la salle d'un grand silence avant un tonnerre d'applaudissements et de cris admiratifs. Rivaille se lève, salue son public et retourne en coulisses où vous l'attendez les bras ouverts.
Vous sentez à son souffle qu'il est satisfait de sa performance.

"Mmh, j'ai réussi."

Sa voix est tremblante mais claire. Il n'a aucune appréhension des résultats et le timbre de sa voix est confiant.
C'est sûrement le plus beau morceau qu'il n'ait joué jusqu'à maintenant.


Une demie-heure plus tard, Rivaille est invité à monter sur scène pour l'annonce des résultats. Vous le suivez jusque dans les coulisses et le laissez baigner sous les projecteurs.
Les pianistes s'alignent derrière les juges avant que l'un d'eux ne commence un discours pour féliciter les participants. Ils décernent les différentes bourses de différentes écoles à deux pianistes remportant le prix du meilleur espoir et le prix du public. Les organisateurs marquent une courte pause avant d'annoncer le gagnant de la bourse pour la grande école.
Vous retenez votre souffle, fixant Rivaille du regard. Il affiche une expression stoïque, sans sourciller. Il ne pense pas à la victoire. La victoire ne l'a jamais intéressé d'ailleurs, il ne joue que pour lui depuis toujours, pour s'améliorer et se dépasser. S'il remporte la bourse, c'est tant mieux pour lui, il progressera encore plus. Autrefois, vous vous demandiez pourquoi il participait à ces concours, si ce n'était pas pour gagner le premier prix.
Maintenant, vous comprenez, et lorsque vous vous entraîniez avec vos amies à la danse, aucune d'elles n'a parlé de victoire ou de défaite. Elles étaient toutes extasiées à l'idée de s'améliorer en étant sélectionnées pour étudier dans telle ou telle école.

Vous entendez son nom résonner.
Depuis les coulisses, vous lui esquissez un sourire béat, les larmes aux yeux, comme si c'était vous qui avez remporté le premier prix. Son expression est détachée, il ne prête aucune attention à la somme d'argent fournie pour ses études que l'organisateur vante au public mais par l'école prestigieuse dont il s'agit.

Quelques minutes après l'annonce du vainqueur, les pianistes retournent dans leurs loges, où ils retirent leur trente et un pour une tenue décontractée pour célébrer leur victoire pour certains et pour d'autres, retourner à la maison en pensant à être meilleur la prochaine fois.
Rivaille retourne dans sa loge en votre compagnie, tenant les bouquets de fleurs qu'il avait reçu de la l'organisation du concours. Il se change rapidement et vous sortez du  théâtre et vous vous dirigez vers le café près du théâtre où se sont déroulées vos éliminatoires. Vous y restez une bonne demie-heure, discutant de leur prestation devant le jury, du stress - quasi inexistant chez Rivaille - de leur avenir s'ils décrochaient un prix et cela réveilla une lueur d'inquiétude chez ( Prénom )
Et si elle ne remportait pas une bourse ? Non, et si elle ne passait pas en finale ?

"T'inquiète, dit Rivaille en lui prenant la main. Tu passeras."

Sa main chaude vous surprend, vous qui étiez si habituée à ses mains froides, après avoir passé la journée à jouer, sans bouger de sa chaise. Après tout, c'était peut être normal, vous êtes dans un café où le chauffage est à fond, et il avait commandé un cappucino bien chaud alors que vous aviez commandé ( boisson fraîche préférée ).

"J'espère. Encore félicitations pour toi."

Il esquisse un demi-sourire que seule vous pouvez déceler sur son visage impassible. Vous passez encore une bonne demie-heure dans le café avant de vous diriger vers le théâtre, où vos amies semblent scruter le tableau d'affichage à la recherche de leur nom.
Vous les saluez et immédiatement leurs regards se dirigent vers Rivaille.

"Is that your boyfriend ? demanda Alena avec son joli accent russe.
- No, he isn't..."

Il prend votre main, entrelace ses doigts fins - presque osseuse - et répond, sans hésiter :

"Yes I am. Nice to meet you."

Vous restez sans voix, les joues rougies et demandez à vos amies si elles participeront aux finales. Sans surprise, la réponse est un oui.
Rivaille lève les yeux vers le tableau et son regard s'illumine à la vue de votre nom.

"Tu vois, je te l'ai dit, murmure-t-il avec serrant votre main plus fort.
- Oui."

Naturellement, vous l'embrassez sur les lèvres, sans vous soucier du monde autour, quelle importance. Il n'y a que lui et vous. Peut-être que l'amour n'était pas au centre de vos discussions, mais il était toujours présent entre vous, même si ce n'était pas par le biais de baisers et de caresses mais plus par des petites attentions. L'embrasser n'était qu'une autre forme de cette attention.

•••

Le son mélodieux du piano vous accueille chaque jour dans votre petite maison, située autour d'une grande ville où vos noms sont connus de tous les artistes désirant faire carrière dans la musique ou la danse. Vingt ans se sont écoulés depuis le concours de danse ( le dernier de votre vie ) et depuis, vous avez enchaîné les écoles de danse et les spectacles. Entre ces spectacles, vous vous êtes accordée un moment et avez repris le solfège et rapidement acheté un violon qui comptait parmi vos trésors, en plus de vos nombreuses pointes abîmées.  Rivaille, quant à lui, a joué dans les plus grandes salles du monde et qui se faisait acclamer jusqu'à l'épuisement de son public.
Et entre ses concerts auxquels vous assistiez le plus souvent possible, il vous avait demandée en mariage. C'est sans hésiter que vous aviez accepté et cela faisait bientôt dix ans que vous étiez mariés.
Maintenant, vous vous êtes tous les deux retirés de votre carrière, restant dans votre petite maison, jouant vos plus beaux morceaux en duo ou dansant sur les notes qu'il fredonnait, seuls à deux.
Sa vie, c'était la musique, les mains glissant sur le clavier noir et blanc, jouant des notes, envoûtant le public qui l'écoutait.
Son monde, c'était le salon, devant son piano, où il avait passé quasiment toute son enfance devant, à jouer les morceaux les plus compliqués.
Mozart, Chopin, Beethoven...il savait tout jouer.
Lorsqu'il était devant son instrument, ses sentiments se reflétaient à travers les notes jouées par ses doigts experts parcourant le clavier ; la colère, la joie, la tristesse...
Ainsi, il était dans son monde, où il s'épanouissait le plus, cherchant à s'évader de la réalité,  où il voyait des choses que lui seul était capable de voir.

Le pianiste que vous avez toujours respecté et admiré. Il touchait le fond de votre cœur et le faisait vibrer comme aucune autre personne.

Rivaille.

•••

Pour une fois que je ponds un x Reader le personnage est un poil OOC et je laisse peu de place à la Reader. Non mais. Breff bonne lecture.

Rivaille/Levi appartient ©Hajime Isayama
Vous appartenez à Rivaille/Levi ( ou pas )
© 2017 - 2024 KilariTsukishima10
Comments4
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RoxanneLestrange's avatar
Pour une fois je suis contente d'être en train d'étudier français à l'école hahahaha
Bien fait!